il boit un verre de lait tous les soirs en même temps que son fils, une façon détournée de le pousser à absorber le calcium dont il a besoin Ѻ il ne porte que des chaussettes noires et s'oppose tout simplement au port de la cravate de rigueur dans son métier. si les apparences physiques sont très importantes dans le milieu, il refuse d'y être totalement soumis Ѻ il n'a pas eu de relations amoureuses - et donc sexuelles - depuis la naissance de son fils. cela fait donc presque cinq ans qu'il n'a pas vu une femme nue - de quoi en frustrer plus d'un Ѻ adolescent, il rêvait d'acquérir un serpent ou un rat, ce genre d'animaux de compagnie controversés, mais son père a fermement refusé Ѻ il a connu des problèmes avec l'alcool, notamment lors de soirées trop arrosées lorsqu'il était jeune. il a connu une véritable descente en enfer mais est désormais complètement sobre depuis presque quatre ans ; il lui arrivait encore de boire quelques verres alors qu'il avait obtenu la garde de son fils, mais il a depuis totalement arrêté. si l'envie se fait sentir, il pense à la bouille blonde et le besoin passe presque naturellement Ѻ c'est resté un très grand gamin qui aime jeter des bombes à eau sur le gazon du voisin trop coincé ou qui rit pour un rien dès qu'il a un peu sommeil ; il est donc de très bonne compagnie pour les enfants Ѻ il a un grand frère avec qui il a coupé tous les ponts ; ce dernier était le plus grand, le plus fort, le plus parfait, aux yeux de leurs parents et Joshua ne supportait plus les comparaisons incessantes. ils ne sont plus adressés la parole depuis des années Ѻ il est très distant à la vie du quartier, observe les sourires hypocrites de loin et ne commente jamais les ragots propagés par la vieille d'en face. tout ceci l'amuse, lui rappelle la politique, la vie des grandes familles Ѻ il n'est pas du genre à prendre des détours, ni à vous dire la vérité avec des pincettes ; arrogant et plutôt sûr de lui, si vous cherchez les ennuis à une personne qu'il apprécie, vous les trouverez sur le pas de sa porte Ѻ il est très protecteur de sa vie privée, si bien que les voisins ont déjà lancé mille et une rumeurs concernant la mère de son fils : elle a été arrêtée pour possession de drogue, elle est décédée d'un cancer fulgurant ; ou, celle de la semaine dernière, il a eu recours à une mère porteuse dont il a acheté le silence Ѻ il joue de la guitare ; du moins, c'est ce qu'il dit. ses compétences réelles s'arrêtent au refrain de wonderwall, d'oasis Ѻ il a fait partie de l'équipe de football américain lorsqu'il était au lycée et à l'université

Il était éreinté. La journée de travail l'avait complètement lessivé et, si son ventre n'avait pas crié famine dès qu'il était sorti de son véhicule, il aurait très probablement sauté le repas et rejoint ses draps. Cependant, passé le pas de la porte, il avait senti la délicieuse odeur s'échappant de la cuisine et avait remercié quel que soit le Dieu qui lui avait envoyé la jeune femme. Elle était adorable avec Thomas, prenait soin de lui comme s'il s'agissait de son propre fils et, pour ne rien gâcher, était certainement la meilleure cuisinière de tout le comté. « Bonsoir. » Elle apparut dans l'encadrure de la porte. Il lui sourit, retira sa veste et détacha quelques boutons d'une chemise trop serrée. « Bonne journée ? » Il acquiesça, la suivit dans la cuisine, et elle devança même sa question. « Thomas est couché depuis quelques heures. » Parfait petit couple ; il avoua que cette pensée le traversa. « Tout s'est bien passé ? » Elle s'avança vers les fourneaux, attrapa une assiette et commença à faire le service. Il remarqua qu'il y avait deux plats, ce qui signifiait qu'elle mangeait avec lui. Il ouvrit la bouche, prêt à lui faire remarquer qu'elle n'était pas forcée d'attendre qu'il rentre pour manger, mais elle le coupa. « Il était un peu agité. Notamment parce que vous n'étiez pas là. Une histoire de verre de lait ? » Il sourit, attrapa l'assiette qu'elle lui tendit et huma le parfum poivré qui s'échappait de la sauce généreusement versée. Il n'attendit même pas qu'elle s'installe en face de lui, piqua un morceau de viande fumante et l'enfourna directement dans sa bouche. Le paradis. Lorsqu'elle se retourna, elle eut un rire, et s'empara d'un chiffon en s'approchant de son employeur. « Okay, maintenant je sais d'où Thomas tient sa façon de manger... » fit-elle en pointant la chemise immaculée. Il jura, elle pouffa, s'arrêta dès qu'elle vit son mouvement. D'un geste souple, il défit tous les boutons restants, fit glisser la soie de la chemise et la retira promptement, s'attendant certainement à ce qu'elle lui révèle un secret pour faire partir la trace. Il attendit quelques secondes mais rien ne vint. Une minute, peut-être. Figée, les yeux rivés sur son torse comme s'il s'était agi d'une véritable révélation, elle ne se réveilla que lorsqu'il lui arracha le chiffon des mains et commença à s'activer - inutilement. Alors elle recouvra ses esprits, attrapa sa chemise et fila tout droit vers la buanderie. Pas assez rapidement, néanmoins, pour cacher le rouge qui montait déjà à ses joues. « Eh bien, je crois qu'on peut se tutoyer maintenant... »

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Installé sur un tabouret élevé, le journal posé sur le bar américain, Joshua poursuit les lignes noires du regard, absorbant les informations à la vitesse que son cerveau (encore embrumé par la nuit) le permet. Un fumet agréable et quotidien s'échappe d'une cuisinière flambant neuve, derrière lui. Au commande, un joli brin de femme brune, les cheveux attachés en un chignon désordonné, retourne le bacon et verse la pâte à pancake, créant une forme originale mais inconnue au bataillon. « Je dormais lorsque tu es rentré, alors je n'ai pas pu te le dire... » La conversation semble soudain plus intéressante que les conflits en Syrie (bien que le sujet soit sensible, Joshua en est parfaitement conscient), il lève les yeux et les pose sur la jeune femme qui poursuit son explication. Prenant une mine contrite, elle pose sa cuillère en bois, éteint les plaques et s'installe aux côtés de l'homme qui l'emploie pour prendre soin de son fils. « Une femme est passée dans l'après-midi, elle a demandé à voir Thomas. Lorsque je lui ai demandé qui elle était, elle a rétorqué qu'elle repasserait. » La lueur qu'il redoute tant traverse son regard ; elle a des doutes quant à l'identité de cette femme. Lui a compris. Il n'a fallu qu'une fraction de seconde, durant laquelle son cœur a manqué un battement ou deux. Pourtant, son cerveau refuse l'information, il la mâche et la rejette. Pliant le journal en deux, Joshua repoussa son assiette et fit mine de n'être point inquiété. « Probablement la mère d'un camarade. J'ai remarqué qu'il était un peu turbulent, ça ne m'étonnerait pas s'il avait provoqué une chamaillerie. » Elle acquiesce, se rattache probablement à l'explication donnée lorsqu'elle avait été engagé : la mère du petit garçon avait péri dans un accident.

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Ils s'étaient connus à l'université. Il buvait beaucoup, elle côtoyait toutes les fêtes. Elle s'amusait pour se retrouver, il s'embrumait pour se perdre. Mais la situation était différente désormais. Dès qu'elle était entrée dans le bar, il l'avait compris. Elle s'installa près de lui, sa cuisse dénudée par une jupe trop courte l'effleurant et provoquant une décharge électrique près de sa colonne vertébrale. « Comment tu nous as retrouvé ? » glissa-t-il en murmurant, ses doigts s'attardant sur les bords de son verre de whisky. Il ne lui demanda pas pourquoi elle était revenue, cela ne lui effleura même pas l'esprit. Il le savait. C'était gravé près de son cœur ; la promesse qu'elle avait faite lorsqu'il lui avait arraché la garde de leur fils. Elle lâcha un soupir faible, un souffle tiède qui s'écrasa sur la nuque d'un Joshua déjà trop fébrile. Le verre lui parut soudainement la solution, il le repoussa lentement. « La question n'est pas là. » Encore une fois, elle soupira. Comme s'il était son bourreau, et non le contraire. « Qu'est-ce que tu lui as dit ? » Il haussa les épaules, ne cherche pas à cacher la vérité derrière le mensonge inventé de toutes pièces. « Que tu étais parmi les anges. » Elle sourit, lâcha même un petit rire ironique. Ironique, oui. Elle était l'inverse. Elle était le feu, le danger. Même sa beauté lui était fatale. Il se souvenait de tout, de tout et surtout des courbes de son corps. Même après toutes ses années, il se retrouvait affaibli par sa simple présence. Un pouvoir qu'elle seule avait sur lui, car il n'aspirait déjà plus qu'à la brûlure de l'alcool dans sa gorge et de la soie de sa peau contre son corps. Et elle mit fin au supplice, ses doigts se refermant sur le poignet masculin. Il eut un mouvement de recul, comme si un choc électrique l'avait parcouru, elle déplaça sa main, la passa rapidement dans ses cheveux. « Aussi friande de drame que je sois, je ne suis pas là pour des histoires. Je veux simplement voir mon fils. Apprendre à le connaître... » Elle finissait à peine sa phrase qu'il avait hoché la tête de droite à gauche. Elle avait disparu, elle ne s'était pas battue. Ni pour son couple, si pour son bébé d'à peine quatre mois. Elle avait simplement dit qu'elle reviendrait, qu'elle voudrait sa revanche, et elle avait disparu. Il ne l'avait même pas pris au mot. Qu'est-ce qu'une âme libre et indépendante comme la sienne ferait d'un petit garçon ? Il reprit ses esprits, les images de son fils grandissant se bousculant dans son esprit. « Hors de question. » Elle tiqua. « Tu n'as pas le choix. » Encore une fois, hochement de tête. Elle laissa échapper un soupir d'exaspération. « Je répète : je ne veux pas faire d'histoire. Je veux juste voir mon fils. Fais-moi passer pour une amie, n'importe quoi. » L'idée germa rapidement. Céder à son chantage plutôt que supporter un procès à l'issue incertaine ? Il fut tenté, mais rejeta l'idée un peu plus faiblement. Ce fut lorsqu'elle effleura le dos de sa main qu'il craqua complètement, lâchant finalement prise. « D'accord, très bien. Tu pourras t'installer dans quelques jours dans une des chambres libres. Et que ce soit clair, tu es une amie de sa mère. Qui est, soi dit en passant, morte dans un accident de voiture. » Elle sembla blessée mais il n'y fit pas attention. Elle reprit rapidement ses esprits, plaqua un sourire sur ses lèvres pleines et roses, et se leva. Avant de tourner les talons, elle posa un dernier regard sur lui. « Encore une chose... » Il ne broncha pas. « Tu te tapes la nounou ? »