Rosie regrettait amèrement sa carrière d'actrice lorsque son patron, ayant les pleins pouvoirs, criait sur elle en lui disant de 'remuer ses fesses et d'aller voir les clients'. C'était lui qu'elle était à deux doigts de tuer, mais elle s'était dit que si seulement il avait de la culture cinématographique, il serait qui elle était, et peut-être parlerait-il d'elle plus gentiment. Sauf que cet homme n'en avait aucune et qu'il était des plus désagréables, il sentait l'alcool à deux kilomètres à la ronde et s'habillait comme un plouque, ce qu'elle détestait. Elle savait qu'il ne l'avait choisit que pour son physique avantageux car elle était incapable de ne pas faire tomber quoi que ce soit, étant très maladroite. Malgré que son patron était difficile, Rosie appréciait la compagnie des habitants de Fairview. Ils étaient conciliants, patients et généreux sur les pourboires. Son métier actuel lui avait permis de revoir des anciens habitants qui la connaissait depuis petite. La jeune femme fit abstrait aux idées noires qui l'envahissait et accepta ses critiques, et puisqu'elle avait passé une journée des plus mauvaises, elle se décida d'aller chercher un livre à la bibliothèque après le travail.

La jeune femme fut étonnée lorsqu'elle entra dans la bibliothèque qui n'avait pas changé, excepté la peinture qui avait été refaite récemment. Ce lieu lui ramenait des souvenirs douloureux. Après l'école, Rosie adorait aller à la bibliothèque et travaillait dans le calme, elle se sentait sereine et apaisé, mais elle lui rappelait surtout les moments passés avec l'homme qu'elle avait aimé. Il adorait la regarder quand elle travaillait, ce qu'elle avait toujours trouvé morbide. L'odeur des livres, le calme qui y régnait et l'ambiance indescriptible étaient agréables. Rosie connaissait la responsable de la bibliothèque, chaque semaine elle lui apportait les nouveautés que Rosie dévorait. C'était le bon temps, mais à présent tout ça était derrière elle. Ses talons claquaient contre le sol, elle se déplaçait aisément jusqu'à une étagère. Bien qu'elle avait lu le livre qu'elle désirait de nombreuses fois, elle se décida de le reprendre. En même temps une main s'abattait sur ce livre, Rosie enleva la sienne à son contact. « Excusez-moi...» balbutia-t-elle en rougissant. Souvent on lui avait dit que c'était mignon, mais elle ne trouvait pas. C'était plus gênant que mignon. Elle leva les yeux vers son interlocuteur. Mais... mais, c'était le voisin sexy qui habitait à côté de chez sa grand-mère ? Elle avait pensé à lui accorder un mot, un de ces jours, mais l'occasion ne s'était jamais présentée et Rosie n'était pas une femme qui draguait un homme, ni l'aborder. « Prenez-le, je vais en trouver un autre.» Oui, mais lequel ? Elle se tourna, chercha des yeux un livre qui était susceptible de lui plaire.